PERSEPOLIS : un regard sur l’Iran au XXème siècle

par Mme BENZEKRY

CINE-CLUB au LYCEE DES PIERRES VIVES

PERSEPOLIS : le film se déroule en Iran, pays dans lequel grandit Marjan jusqu’au moment où ses parents décident de l’envoyer en Autriche pour lui épargner les conditions de vie imposées par le nouveau régime...

Persépolis, une ancienne cité perse :

Le nom du film, PERSEPOLIS, c’est d’abord le nom d’une cité antique prestigieuse, du temps de la grandeur de l’immense empire perse (actuellement sur le territoire de l’Iran et de l’Irak)

 Le site de l’ancienne cité se trouve dans la plaine de Marvdasht, au pied de la montagne Kuh-e Rahmat, à environ 70 km au nord-est de la ville de Shiraz, province de Fars. Voir carte

 Sa construction commence en 521 av. J.-C. sur ordre de Darius Ier. Elle fait partie d’un vaste programme de construction monumentale visant à souligner l’unité et surtout la diversité de l’empire. La construction de la cité se poursuit pendant plus de deux siècles, jusqu’à la conquête de l’empire et la destruction partielle de la cité par Alexandre le Grand en 331 av. J.-C.

Persépolis, c’est donc l’évocation de la cité aux multiples influences, ouverte à tous les apports des différentes régions de l’empire perse mais aussi des civilisations étrangères. C’est une sorte "d’âge d’or" du cosmopolitisme antique.

L’IRAN au XXème siècle : quelques repères chronologiques utiles. (source : d’après l’encyclopédia Universalis 2007)

 Au début du XXème siècle, le royaume perse est une monarchie constitutionnelle dans laquelle Reza Khan se fait couronner shah le 12 décembre 1925 : c’est l’avènement de la dynastie des Pahlavi.

 En 1935 le royaume de Perse est baptisé Iran (terre des Aryens). Interdiction du port du voile pour les femmes et obligation de porter un habit « à l’occidentale » pour les hommes sont décrétés la même année.

- Pendant la seconde guerre mondiale, sous la pression des Britanniques et des Soviétiques Reza shah, partisan de la neutralité (et suspecté de rapprochement avec l’Allemagne), est contraint d’abdiquer en faveur de son fils Mohamed Reza Pahlavi.

 Le régime du Shah, à partir de1962 est directement sous l’influence de l’administration Kennedy et met en place plusieurs réformes, accorde le droit de vote aux femmes et impose enfin une réforme agraire, censée moderniser le secteur agricole du pays, la « révolution blanche » qui menace directement les ressources financières du clergé chiite.

 Dans le contexte de guerre froide et d’affrontement idéologique entre l’Est et l’Ouest, le régime du Shah est à la fois rejeté par une opposition de gauche durement réprimée qui critique l’absence de démocratie et rejette le poids trop grand des Etats-Unis sur le pouvoir et par les groupes religieux qui condamnent l’anticléricalisme de l’Etat trop "occidentalisé".

 En 1964, l’ayatollah Khomeyni est exilé. Il revendique l’intégrité du pouvoir légitime pour les ulémas, ces religieux reconnus héritiers et transmetteurs de la tradition chiite.

- En instaurant un système de parti unique en 1975 et en menant une répression très dure contre tous les opposants, le Shah se fait haïr de tous les contestataires qui veulent renverser le régime.

 En 1979 c’est la révolution en Iran : Muhammad Reza Pahlavi est contraint à l’exil. Menée par les islamistes, très organisés, elle porte au pouvoir le « guide suprême » l’ayatollah Khomeyni

, revenu d’exil et qui instaure très vite une république islamique. Les banques et les principales sociétés industrielles sont nationalisées.


 A partir de 1980 la tension avec les Etats-Unis est très forte (occupation puis prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran) : le président américain Jimmy Carter rompt les relations diplomatiques avec l’Iran puis impose des sanctions économiques.

 1980 c’est aussi le début de la guerre Iran-Irak : l’Irak de Saddam Hussein , soutenu militairement à cette époque par les Etat-Unis, attaque l’Iran dirigée alors par Bani Sadr, élu président de la République islamique, pour éviter l’importation de la révolution islamique en Irak. Après neuf ans de guerre acharnée, un cessez-le-feu est signé entre l’Irak et l’Iran (8 août 1988). Cette guerre a fait environ 1 200 000 morts (trois fois plus d’Iraniens que d’Irakiens). Pour prolonger ce thème voir ici


 En 1989 l’imam Khomeyni meurt et Ali Khamenei lui succède comme guide de la révolution. L’hodjatoleslam Ali Akbar Hachemi Rafsandjani est élu président de la République. L’influence des « Gardiens de la Révolution » (pasdaran), milice armée conservatrice, reste forte. Rafsandjani est réélu en 1993.

 En 1991, l’Iran ne participe pas à la "guerre du Golfe", déclenchée par l’invasion du Koweit par l’Irak et pour laquelle l’ONU mandate une force d’intervention internationale dirigée par les Etats-Unis (c’est la première grande opération internationale menée depuis la fin de la guerre froide)

 Depuis les années 2000 le décalage entre une société demandeuse de réformes et l’influence d’un clergé très conservateur qui souhaite garder la mainmise sur le pouvoir est de plus en plus marqué et plusieurs protestations massives contre le gouvernement ont lieu dans les rues de Téhéran. Mais la répression reste forte (contrôles, censure, élections invalidées)

- En 2005, le maire ultra-conservateur de Téhéran, Mahmoud Ahmadinejad est élu président. Il tient un discours très nationaliste et développe un programme nucléaire qui inquiète les Américains.

Le contexte du film PERSEPOLIS est donc à la fois celui de la fin du régime du Shah et du temps de la Révolution qui soulève tous les espoirs et ensuite toutes les désillusions avec l’installation d’un islamisme radical qui entrave les libertés individuelles auxquelles doivent renoncer les adultes qui entourent Marjane et Marjane elle-même devenue adolescente puis, à son retour d’Autriche, femme.